Chronologie 1626 : Isabelle Brant en dessin

Isabelle Brandt

Après 17 ans de mariage avec Rubens, Isabelle Brant meurt en 1626 à l’âge de 39 ans. Dans une seule de ses lettres, Rubens esquisse ce personnage en quelques phrases.


Isabella Brant dit:

Aimes-tu ce dessin ? Moi, certainement ! Eh bien, je sais que je ne suis pas la plus belle femme d’Anvers, mais j’ai un mari adorable. Il y a quelques années il m’a appelée de la maison à son atelier, m’a demandé de m’asseoir un moment, de sourire, avec modération … Et en quelques traits de crayon, de craie [et de fusain], j’étais couchée sur le papier.

Clara Serena (1618)
Clara Serena (1611)

Cela me rappelle le souvenir pénible de notre fille Clara Serena décédée (+1623) ; Pierre Paul l’a dessinée de mémoire, alors que sa maladie à elle n’avait laissé que l’ombre de la belle fille aux joues vermeilles d’un tableau de 1616.

Pierre Paul m’a peint plus d’une fois. La première fois, quand j’ai eu 18 ans et que nous nous sommes mariés. Nous sommes assis ensemble dans le même tableau, avec le chèvrefeuille comme symbole de l’amour conjugal. Nous avions un passé vécu l’un près de l’autre ; nos familles se connaissaient depuis longtemps, car mon père Jan était secrétaire du conseil municipal, tout comme le père Jan Rubens avait été échevin.

Je m’occupe des tâches ménagères, loin des apprentis, même si je dois te confier quelque chose. Le meilleur élève de Pierre Paul – comme il le dit lui-même – je veux dire, Anthony van Dyck, suivit son exemple et partit pour l’Italie en octobre 1621. Mais d’abord, il m’a offert un autre portrait, dans lequel tu peux me voir assise et derrière ma chaise, en toile de fond, un rideau rouge et la belle porte de la cour vers le jardin.

Comme tu peux le constater, nous vivons aisément. Le fait que Pierre Paul soit peintre de la cour de nos archiducs bien-aimés aide beaucoup, mais en outre il est autorisé à vivre et à travailler à Anvers. Il y a quelques années, il a acheté cette maison, sur le Wapper et fit construire son atelier selon ses propres plans. Il était heureux de me montrer les dessins qu’il avait faits des palazzi de Gênes et ce morceau d’une Italie ensoleillée peut égayer un peu notre ville du nord.

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Van Dyck ne reverra pas Isabelle vivante ; elle mourut le 20 juin 1626; à partir de 1625, la peste circula à Anvers, mais la preuve manque si « cette maladie rapide et contagieuse (la peste) » est la cause de sa mort.

Pierre Paul esquisse en quelques phrases, habillées de réflexions philosophiques latines sur le destin, les qualités de caractère de sa défunte épouse (la lettre est écrite en italien à Pierre Dupuy, datée du 15 juillet 1626) :

« J’ai perdu en effet une excellente compagne, qu’on pouvait, et même qu’on devait, aimer, à bon droit, parce qu’elle n’avait aucun des vices de son sexe. Elle n’était ni capricieuse ni faible, mais si bonne, si sincère, et aimée pour ses vertus pendant sa vie, et pleurée de tous après sa mort. Une telle perte me paraît digne de bien des chagrins ; parce que le vrai remède à toutes les souffrances est l’oubli, fille du Temps, ce que j’espère pour me sauver. Mais j’ai beaucoup de mal à séparer le chagrin de la perte d’une part, de la mémoire de la personne que je dois aimer et honorer aussi longtemps que je vivrai d’autre part. »

Suite sur la Chronologie : 1635 – Hélène Fourment et ses enfants

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